Montoison : d’où vient ce nom ?

Au IV° siècle le démembrement de la Province « La Narbonnaise » amène la création de « La Viennoise » qui comprend sept provinces. Les villes sont organisées à la romaine. Le territoire de ces cités comportait des agglomérations rurales assez importantes. Dans la cité de Valence, on pouvait situer « Cerebelliaca » dans la vallée du Pétochin (donc autour de Montoison, Upie).

Au X° ou XI° siècle, on voit apparaître un phénomène de perchement en ce qui concerne la construction des villages.

Le peuplement est groupé, perché, protégé par des murailles. Les noms romains des villes disparaissent. Le village de MONTOISON remonte à cette époque. Il s’est implanté sur une élévation de terrain, situé au croisement des axes Allex-Upie et Valence-Crest.

La topographie du lieu aida sans doute à la naissance de la commune, mais celle du village ne fut peut-être pas le fait du hasard, car son emplacement se présente comme un lieu de réunions, qui a pu en des temps très anciens être choisi par les tribus des environs parce que facilitant les rencontres en raison de sa fonction centrale.

Le lieu est connu presqu’au début de l’ère chrétienne. Il est cité par les historiens du moment. En l’an 330 un chroniqueur fait allusion à Cerebelliaca, mais il faudra attendre 1162 pour que le Cartulaire de l’Eglise de Bourg-Lès-Valence enregistre le nom de MONTAISON, devenant en 1201 Castrum de Montaizo, et en 1291 Castrum de Montesonis. Ce nom évolue de la façon suivante : en 1307 Montayso, en 1332 : Monteso et en 1339 : Montayson.

D’après les étymologistes, le mot Montoison est composé du terme Mont, qui dit bien ce qu’il veut dire, et du radical celtique AYS (ou aïss) lequel se rapporte à source, mais plutôt à « eau jaillissante ».

On peut lire sous la plume de l’Abbé Cyprien à la fin du XIX° siècle :

«  J’ai vu l’inscription de MONTOISON : elle est en caractères gothiques aigus du XVI° siècle, de grande dimension ; sculptée en relief, particularité que je n’ai jamais rencontré sur aucune autre inscription lapidaire. Mais elle est malheureusement toute cassée et fruste, de sorte qu’il est impossible  d’y déchiffrer un mot, ni de la calquer, elle est de plus incomplète. Cette curieuse pièce est au quartier des Moniers, et provient m’a-t-on dit d’un quartier voisin appelé Saint Pierre, où l’on rencontre beaucoup de  débris d’antiquité, restes de fondations, traces de cimetières, marbres, sculptures, pavés en ciment et en mosaïque, nombreux débris d’armes et amphores romaines. Il y avait là, dit-on autrefois un monastère bâti sur des ruines romaines…. »

Quoi qu’il en soit, que Cerebelliaca soit l’antique UPIE ou l’antique MONTOISON, on peut être certain que la grande route des Alpes passait dans le voisinage de notre commune et que nos ancêtres y ont vu défiler la plupart des empereurs romains depuis Jules César jusqu’à Ambroise le grand évêque de Milan.


Le Château

Au point de vue féodal, Montoison était une terre appartenant aux Comtes de Valentinois qui le vendirent en 1201 à la Famille DU POUZIN pour ensuite être dans les mains de la MAISON de CLERMONT-MONTOISON qui régna sur la commune jusqu’en 1789. Ils construisent, vers 1500, un château qui fut rapidement délaissé par la famille.
 Les habitants de MONTOISON profitèrent de cet abandon au moment où le vent de la liberté commençait à souffler sur notre région en 1787, pour disperser les pierres du château et effacer les souvenirs de cette famille. Les pierres ont servi à construire les maisons du village.

AU TEMPS DES SEIGNEURS ET DES CHATEAUX FORTS

Le château primitif, construit avant 1201 par les Poitiers, comtes de Valentinois, seigneurs d’Etoile, Montoison, Montmeyran et autres lieux, occupait une position stratégique pleine d’intérêt pour ces barons batailleurs.
 En effet, du haut de ces tours, il était possible de communiquer par signaux optiques avec tous les châteaux alentours. Posé au croisement des routes conduisant de Valence à Die et de Marsanne à Chabeuil, il se trouvait en situation de surveiller efficacement la circulation et de prévenir des intrusions de brigands de troupes hostiles.

Bien que très inconfortable, le château du Moyen-âge qui ne comportait, à l’époque, qu’un seul corps de bâtiment flanqué de deux grosses tours de guet, à l’est et à l’ouest, fut habité par des familles de seigneurs successifs jusqu’à l’époque de Philibert et des guerres d’Italie, au début du XVIème siècle.

LE CHATEAU RENAISSANCE

L’ancien château fut restauré et agrandi, la construction de l’aile ouest débuta en 1504 et les travaux de restauration s’achevèrent en 1510.

Ils consistèrent en la création d’une grande salle, d’une chapelle et d’un colombier dominant le tout, symbole des privilèges de la noblesse.

Le rapport de l’expert, très incomplet, ne situe ni la cuisine, ni les lieux d’aisance. Il n’est fait aucune allusion aux ouvrages de défense, pas plus, à la décoration qui fut, au dire des anciens, l’objet d’un soin particulier, grâce peut-être à l’habileté d’artistes ramenés d’Italie par le Brave Montoisonnais, Philibert de Clermont. Il est vrai que l’ensemble se trouve alors dans un triste état. Les termes du procès verbal sont explicites, ces ruines imposantes sont destinées à la démolition sans espoir de réhabilitation. Il faut remarquer que, Louis Nicolas Robert Germigny, qui s’intitule expert pour cette mise en adjudication publique est loin d’être un « homme de l’art ». Il est marchand drapier et mercier à Crest ; de plus c’est un « sans culotte », l’un des dirigeants montagnards des plus actifs et des plus influents du directoire départemental à Valence. Comment s’étonner alors que le sort du château se soit réglé ainsi. Même ruinée, la masse énorme du bâtiment dominant les pauvres maisons du village devait disparaître à jamais, ainsi que tous les symboles de la monarchie et de l’esclavage du peuple. Les discours prononcés par Germigny devant le comité de surveillance et dont les textes ont été conservés, sont d’une violence extrême. Ses outrances et ses actions militantes, en Drôme mais aussi en Ardèche, le conduiront pour quelques temps, en prison à la Tour de Crest, avant qu’il n’en ressorte provisoirement blanchi. Il mourut à Crest en 1814, âgé de 73 ans. Il avait donc 56 ans lors des opérations d’expertise du château qui se prolongèrent trois jours (Un « sans-culotte » Crestois,  Louis Nicols Germigny : Par F. Ferrand, dans Les Drômois acteurs de le Révolution, A.D.D. Valence 1990).

Le ci-devant château de Montoison servit en 1796 de prison. Plus de soixante-dix-sept prisonniers italiens, espagnols et anglais venant à pied du Midi, escortés par la Garde Nationale, s’installèrent tant bien que mal dans le vaste sous-sol sombre et humide. La Tour de Crest ne put en accueillir que vingt-cinq, tant elle était surpeuplée. De graves problèmes d’intendance et de surveillance rendirent insupportable le séjour de ces hommes, qui pour la plupart, étaient des gens de mer, pris à Toulon. Pour résister au froid et faire la cuisine, ils brûlèrent portes et fenêtres, beaucoup s’évadèrent. Au bout de six mois, il ne restait que sept malades. Le Directoire départemental supprima la prison. Puis, pour se conformer aux recommandations des décrets de l’Assemblée nationale, la vente aux enchères fut ordonnée.


L’Eglise de Montoison

En 998, le  Cartulaire de l’Abbaye de Cluny en Saône et Loire, fait état d’une église dédiée à Saint Maurice, dont les dîmes allaient au prieur d’Allex.

L’église se trouve à l’entrée Nord-Ouest du village, emplacement actuel des commerces.

Nous ne possédons aucun document sur son histoire antérieure. Sa situation au milieu du cimetière, sa voûte en pierre, le patronage de Saint Maurice, semble indiquer qu’elle est très ancienne.

Un relevé de plan pour la commune, en date du 18 germinal de l’an 13 de la République (8 avril 1805), donne une  contenance de 13 ares 80 centiares pour le cimetière et de 4 ares 20 centiares pour le terrain de l’église. Elle mesure 10, 50 m de large et 19 m de long.

En septembre1833, un devis de restauration, pour un montant de 4.499,49 francs est adressé à la commune. Il signale l’état déplorable de cet édifice.

«  Plusieurs fermes se sont affaissées, à cause de la vétusté des bois. Elles menacent d’une ruine prochaine. On sera obligé de les étayer pour prévenir les accidents, jusqu’à ce qu’on la reconstruise. Les murs n’ayant pas assez d’épaisseur ni de solidité pour soutenir la poussée d’une voûte en pierre. L’on se propose d’y substituer une voute artificielle de plein cintre… »

De cette très ancienne église nous ne possédons plus rien, sauf les pierres, qui furent utilisées pour la construction de la nouvelle église et peut-être les deux portes en noyer, de la sacristie et du clocher.

La chapelle située au milieu du cimetière et dont se souviennent encore des anciens montoisonnais, n’était pas un vestige de l’ancienne église. Elle fut construite en 1849, par Mademoiselle Emilie PEY dont la famille eut le droit d’utiliser le caveau de cette chapelle comme lieu de sépulture.

Le 15 mars 1835, le Conseil Municipal insiste dans sa délibération sur l’indispensable et urgente nécessité de la construction d’une église. :

« Vu que l’ancienne église est prête à crouler et menace d’ensevelir sous ses ruines le grand nombre de personnes qui la fréquentent.

Considérant que l’ancienne église est trop petite pour la population de deux communes Montoison et Ambonil.(1)

Considérant qu’en ôtant l’église du milieu du cimetière où elle est, ce même cimetière devient assez vaste pour la population, tandis que dans le système de la réparation il faudrait de toute nécessité faire l’acquisition d’un nouveau cimetière…. »

(1) Ambonil : tout en étant commune, Ambonil fit partie de la paroisse de Montoison « de temps immémorial ». Mais à la suite de nombreux démêlés, de disputes … à propos de cimetière …de bancs de l’église…de traitement du vicaire…peut-être aussi pour des questions de redevance à la trésorerie de la Fabrique de Montoison !!!!

Ambonil fut rattaché à la Paroisse de LIVRON en 1879.

1836 : année des décisions


La Tour du calvaire

Depuis la construction du premier château, la tour reste l’emblème de la commune, et les Montoisonnais semblent très attachés à ce symbole qui nous vient du blason des premiers Montoison, avant la venue des Clermont. Leurs armes étaient : d’azur à la tour d’argent, portillée et perronnée de deux degrés, sommée de deux donjons, brisée en chef d’un croissant montant d’or.

Elle est sur une propriété privée et n’est pas accessible, pour le public.


Le lac

Une richesse géographique, une richesse ornithologique.

Cependant ce lac est propriété privée et il n’est pas accessible.

Avant les grands aménagements agricoles, les étangs étaient nombreux. Il ne reste plus qu’une relique : le lac de Montoison.

L’histoire géologique de cette région a été  marquée par le flux et le reflux d’un golfe marin qui, il y a 35 millions d’années, léchait les contreforts du Vercors et les coteaux d’Etoile. Il en résulte un nappage de sédiments tertiaires encadrés par des pointements du soubassement crétacé (ère secondaire).

C’est pourquoi le lac de Montoison se trouve au centre d’un vaste bassin à 155m d’altitude moyenne, blotti entre sept mamelons périphériques dont le serre de Bibiot (194m) et le serre de Liotard  (214m).

Ce lac d’une profondeur maximale d’une quinzaine de mètres, couvre une étendue d’environ trois hectares.

De par sa position stratégique, le lac joue le rôle d’un collecteur des eaux de ruissellement. En son centre jaillit la source qui l’alimente, qui n’est vraisemblablement qu’un affleurement de la nappe phréatique mise à jour par l’homme. L’écoulement de son excédent s’effectue vers le ruisseau  de l’Arcette en direction d’Etoile. Néanmoins, l’écart entre le niveau des hautes eaux et des basses eaux est peu conséquent. Le renouvellement de l’eau se fait donc très mal. C’est la raison pour laquelle, le lac ressemble, plutôt à un marais stagnant.

L’apport de matières organiques (azote, phosphates…) contenues dans les eaux de ruissellement, ont provoqué un enrichissement excessif de l’eau, ce qui a entrainé le très grand développement des roseaux, qui couvrent la quasi-totalité de l’étendue.

Flore et Faune 

Cette roselière abrite de nombreuses espèces d’oiseaux aquatiques nicheurs :

Râles d’eau, Poules d’eau, Bruants des roseaux, Butors blongios (petits hérons), Busards cendrés, Rousserolles effarvates…

Au printemps, ce site est aussi le terrain de chasse de nombreuses autres espèces.

L’abondance des insectes et les chaudes sablières proches, ont permis l’installation d’une colonie de Guêpiers d’Europe, peut-être l’un des plus beaux oiseaux migrateurs de France.

Un autre point justifiant l’intérêt écologique du lac : sa position sur les voies de migration d’automne et de printemps. Des troupes de Passereaux y transitent régulièrement (Verdiers, Pouillots, Bruants, Mésanges…). Etant pratiquement le seul site de repos viable dans tout le Valentinois, ceci explique qu’il soit constamment saturé de petits oiseaux migrateurs ou hivernants (Merles, Bouvreuils, Accenteurs, Mouchets…). C’est aussi un important « dortoir » d’hirondelles. La Tanche très abondante, à une époque, renforce les soupçons d’un comblement du lac. En effet, l’habitat de prédilection de ce poisson coïncide avec des nappes d’eau de petites dimensions s’échauffant très rapidement l’été et les potamots (plantes aquatiques de marais) sont bien représentés.

Toutes ces raisons ont fait que le lac de Montoison est fiché sur l’inventaire des richesses naturelles de la Drôme, depuis 1977 et fait partie de la sélection régionale des sites naturels à protéger depuis 1979.